L'homme démasqué de Thomas Hardy

Une nouvelle découverte grâce à ce court texte paru aux éditions du Rocher dans la collection Motifs que l'on m'a offert récemment dans le cadre d'un SWAP auquel j'ai partcipé avec beaucoup de plaisir. Il ne sera pas resté très longtemps sur ma PAL, il faut dire que le thème du masque a toujours été un domaine qui m'a intéressée et que j'y ai même consacré une bonne partie de mes recherches universitaires. Qui plus est, depuis ma lecture de Tess d'Uberville, j'avais promis de lire d'autres textes de cet auteur et cela est chose faite. La découverte devrait d'ailleurs se poursuivre d'ici peu car Thomas Hardy étant l'un des auteurs préférés de la personne qui m'a swappée, j'ai acquis un autre texte de cet auteur dont je vous parlerai d'ici peu. En attendant, quel bonheur de trouver ce petit texte que j'ai dévoré d'une traite dans une salle d'attente bondée (c'est dans ces moments-là que l'on apprécie d'autant plus la qualité d'un texte et son pouvoir salutaire lorsqu'il nous "sauve" d'une heure trente d'ennui profond!).

Le sujet de ce court texte: la mort des illusions générées par le culte de l'apparence. Barbara Grebe doit épouser le fortuné lord UplandtowersUplandtowers, mais s'amourache lors d'un bal d'un jeune bellâtre nommé Willowes. Le couple profite d'un moment de confusion à la fin de la soirée pour s'éclipser et célébrer de clandestines noces qui provoquent le désespoir des parents de la jeune fille. Le bonheur est hélas de courte durée: Barbara réalise sa mésalliance et ne supporte pas l'idée de mener une existence médiocre aux côtés de son époux qui n'a d'autre qualité que son extraordinaire beauté. Cependant, Willowes perd tout son attrait lorsqu'un accident le défigure à jamais et le contraint de porter un masque afin de dissimuler sa laideur. Il demande alors à sa femme si elle est prête à l'accepter tel qu'il est -laid et désargenté- quitte à lui rendre sa liberté si elle ne peut l'endurer. La réaction de dégoût renseigne le pauvre jeune homme qui s'enfuit...avant de réapparaître des années plus tard sous une forme peu conventionnelle qui saura cette fois révéler la véritable essence de la beauté à sa frivole épouse.

Un court texte avec une extraordinaire noirceur et un cynisme vraiment surprenant pour l'époque. Ce récit du XIXème siècle touche par son extrême perversion, par sa précision et son style déroutant. C'est un texte sensuel, charnel qui cerne avec beaucoup de finesse le caractère féminin dans toute sa complexité. Le basculement final dans l'univers de la folie est très bien maîtrisé, et n'est pas sans évoquer l'univers d'un Mérimée ou d'un Maupassant tout en gardant son identité propre. Une très belle découverte qui me donne vraiment envie de plonger un peu plus dans l'univers de Thomas Hardy.