Versus d'Antoine Chainas

Voici un livre noir et très sombre à ne pas mettre entre toutes les mains. Recommandé par des amateurs de polars assez glauques (dont je suis friande à l'occasion), ce livre contient de nombreuses pages dont la lecture est relativement insoutenable que ce soit du point du fond comme de la forme.

Petite présentation de l'éditeur pour ce faire une première idée: Si le major Paul Nazutti n'a pas la réputation d'être un tendre, c'est qu'il est en guerre. En guerre contre les tueurs d'enfants, les pervers, les hommes, les femmes, les hétéros, les homos, les syndicalistes, les Noirs, les chômeurs, les touristes, les cadres, ceux qui savent tout et les autres. En guerre contre le monde entier : une guerre totale menée par un esprit radical sans limites. Combien de temps peut-on vivre dans un tel flot de rage ? Nazutti, responsable de la brigade des mineurs, visage carré, regard franc, révulse et fascine tous ceux qui le croisent. En a-t-il trop vu ? Trop fait ? Il sait qu'il ne laissera qu'une trace dans les statistiques et n'a que faire de la rédemption. Un énième tueur croise sa route. Ce dernier abat des pédophiles et les enterre auprès du corps de leur dernière victime. D'étranges poèmes accompagnent ces mises en scène. Nazutti connaît. Nazutti souffre. Le fauve est lâché.

Après avoir récemment visionné la série noire Braquo, j'ai été replongée dans le même genre d'univers: l'envers du décor des enquêtes policières, des scènes assez glauques, un langage très cru... Beaucoup de puissance émane de ces pages, même si parfois on a le sentiment que l'auteur force un peu trop le trait (avec le personnage de Rose notamment). Ce n'est pas tant l'enquête qui importe, mais plutôt cette plongée dans les sombres bas-fonds de l'âme humaine qui s'accompagne de la découverte de personnages torturés. Pour moi il y a cependant quelques faiblesses: une tendance à la surenchère dans le lagage parfois ordurier ou dans la construction syntaxique en hachoir qui devient un peu trop artificielle par manque de maîtrise, un suspense assez mince et surtout un héros auquel je n'ai pas du tout réussi à m'attacher et qui a même eu tendance à m'agacer. Pourtant, j'avoue avoir lu ce livre d'une traite, non sans un certain plaisir. Au final, je reste assez partagée, avec l'envie d'en savoir un peu plus sur les autres livres d'Antoine Chainas.

Affaire à suivre...