Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
In Libro Véritas
Publicité
Newsletter
Archives
In Libro Véritas
Derniers commentaires
1 juin 2009

Quartier de Philippe Claudel

PCcouvGrande lectrice de Philippe Claudel dont j'apprécie tout particulièrement le style et qui décrit avec beaucoup de finesse les paysages de ma nouvelle patrie, j'ai découvert par hasard ce petit recueil enrichi de nombreuses photographies de Richard Bato. Mention spéciale aux éditions de La Dragonne qui toujours proposent de magnifiques ouvrages. Pas de fiction ici comme dans l'inoubliable Rapport Brodeck ou comme dans Les âmes grises et La petite fiille de Monsieur Linh,  mais un hommage aux paysages de la frontière belge et à ses habitants. Un univers assez sombre tout de même: un quartier délabré, des habitants désespérés, des estaminets qui ne désemplissent pas... Un univers à la Verharen par endroits, mais aussi des instants hors du temps au contact de ce monde suranné. Plus qu'un voyage topographique, il s'agit bien là d'un voyage intérieur au cours duquel les lieux concrets ne sont qu'appuis et sources d'inspiration à d'interminables rêveries et itinéraires imaginaires. Et toujours, une écriture qui touche et qui émeut:

Je ne retiens en définitive que peu de choses des milliers de livres lus, des miliers de tableaux, de sculptures cotemplés, des miliers de films que j'ai pu voir et de musiques que j'ai pu entendre. Peut-être au mieux me reste-t-il quelques pages, quelques couleurs, quelques airs. Les lieux en définitive  m'ont toujours nourri davantage que les hommes et que tout ce qu'ils peuvent écrire ou peindre. Ce sont les rues, les murs, les eaux tombées du ciel et celles qui serpentent à terre qui ont fait ce que je suis. Tourner dans le quartier, dans celui-ci ou un autre, d'ailleurs, c'est toujours se cogner à soi-même et rencontrer son image dans les miroirs de briques et les reflets de vent. A ma mort, je crois que j'aurai l'esprit tout chargé des paysages et des visages que j'y aurai croisés. Car ce sont bien les paysages -animés ou non- que j'aime, et la seule collection, entreprise très tôt dans l'enfance et qui ne me quitte jamais, est celle qu'ils composent dans l'entassement léger de leurs humus et de leurs couleurs. Ils demeurent là, en moi, toujours, et grâce à eux je me persuade que je pourrai ainsi avec plus d'aisance aller un jour en terre, puisque je serai déjà empli d'elle.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité