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15 octobre 2010

Le marin rejeté par la mer de Yukio Mishima

mishimaYukio Mishima est un célèbre auteur japonais né en 1925 à Shinjuki et qui s'est suicidé par seppuki à l'âge de 45 ans. Ecrivain précoce (il a écrit son premier roman à l'âge de douze ans), il est l'auteur de romans traduits dans toutes les langues ou presque, à l'instar des impudiques Confession d'un masque ou de sa tétralogie intitulée La mer de la fertilité.

Dans Le marin rejeté par la mer, Mishima propose de suivre l'itinéraire d'un adolescent plus ou moins étrange, le jeune Noboru Kuroda qui vit seul avec sa mère Fusako depuis que son père est mort. Noboru est un adolescent taciturne et renfermé, plutôt mal dans sa peau qui se laisse entraîner davantage par bravade que par méchanceté dans quelques menus larcins organisés par une bande d'adolescents de son quartier. Ces derniers ont en effet développé une éthique particulière fondée sur une curieuse interprétation des notions d'honneur et de mérite. Or, pour faire partie de ce cercle d'initiés, Noboru accepte de prouver sa valeur en se soumettant aux "épreuves" de ses pairs, en commençant par le massacre d'un pauvre chat. Lorsque sa mère de vient la maîtresse d'un marin nommé Ryüji, l'adolescent admire tout d'abord cet être d'exception avant de réaliser qu'il n'est qu'un être humain avec ses faiblesses et ses émotions. Le jugeant indigne de ses préceptes moraux, il décide de l'offrir en tant que nouvelle victimes à ses camarades cruels.

Yukio Mishima développe avec beaucoup de finesse la complexité des relations humaines, qu'elles soient filiales ou amicales, il semble qu'il est à chaque fois nécessaire de construire abruptement les rapports intrinsèques entre les êtres sur la dialectique du conflit et du dépassement de soi, condition pour exister aux yeux de l'autre et de soi-même. Les personnages de Mishima ne sont pas exempts de noirceur: Noboru dans sa perversité d'adolescent qui semble mépriser sa mère autant qu'il la désire (d'où les scènes abjectes durant lesquelles il l'épie lors de ses ébats amoureux avec Ryüji), Fusako qui accepte la médiocrité d'un nouvel amour qu'elle nimbe de façon artificiellement romanesque de toutes les qualités ou encore Ryüki qui ne s'affirme ni tout à fait comme homme ni comme subsitut de père. A cet univers pour le moins glauque et spleenétique s'oppose la beauté des paysages maritimes et côtiers dépeints par Mishima avec de subtiles nuances, et le roman prend alors une dimension poétique pour le moins envoûtante. Cependant, si j'ai largement été séduite par ce beau roman, j'avoue avoir été un peu déçue par la fin: je m'attendais à une explosion de la cruauté latente qui régnait depuis le début du récit, or le lecteur reste un peu sur sa faim avec un dénouement un peu bâclé à mon sens. Mishima signe néanmoins un très beau texte, qui sonne juste et reste d'actualité.

Extrait: En s'approchant de la mer le paysage semblait se replier sur lui-même et accentuait l'impression confuse de solitude, de rouille, de pitoyable. Au-delà d'un fouillis de pièces d'atelier rougies par la rouille et jetées au rebut, une grue vermillon redressait lentement la tête. De l'autre côté de la grue était la mer, avec les brise-lames faits de pierres blanches empilées et à l'extrémité des terres reprises sur la mer, un dragueur vert lançait une fumée noire.

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Commentaires
J
Bonjour, j'aimerais vous envoyer un message, quel est votre mail ? merci, Julia
J
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J
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