Les visages de Jesse Kellerman
Beaucoup d’avis élogieux ont fleuri un peu partout sur ce roman policier dont on vantait avec force le suspens et le côté haletant. Et comme souvent lorsqu’on lit trop de commentaires dithyrambiques, on s’attend à une œuvre qui dépasserait nos attentes initiales pour s’inscrire dans l’exceptionnel. Certes, tout est là pour séduire le lecteur dès les premières pages : une intrigue originale ancrée dans le monde de l’art et autour de la disparition d’un dessinateur de génie, un personnage cynique et désabusé qui se porte acquéreur pour ces créations peu communes, un entrelacement narratif qui nous permet en demi-teinte d’entrevoir l’histoire familiale d’un artiste marginal… Et pourtant, le lecteur n’est pas suspendu à la suite du roman qui se laisse lire sans que l’on ait toutefois envie de le dévorer. Léger manque de rythme ? Intérêt qui se délite au fil des pages ? Traduction un peu bancale ? Je ne saurais exactement analyser les raisons de ma déception, mais j’attendais mieux de ce livre dont j’avais tant espéré. Même le personnage d’Ethan a fini par me lasser, quant à celui de Victor Cracke, j’ai trouvé qu’il manquait de relief. Tout au plus, les fameux « interludes » sur l’historique de la famille de notre artiste reclus ont su éveiller en moi un regain d’intérêt au fur et à mesure de ma lecture, mais j’ai trouvé le dénouement de cette histoire assez décevant.
Ce livre me laisse relativement perplexe, dans la mesure où il est loin d’être un mauvais divertissement bien au contraire, mais je reste un peu sceptique quant à l’engouement qu’il a provoqué. Pourtant, l’incipit donnait à augurer bien plus que l’inachèvement qui semble caractériser la fin de ce roman (en dépit d’une petite pirouette finale). Je reste donc déçue par cette lecture, mais encore une fois, peut-être s’agit-il d’un problème de traduction ou bien d’un excès d’attentes venant de ma part…