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7 novembre 2010

Kitchen de Banana Yoshimoto

kitchenBanana YoshimotoYoshimoto ( de son vrai nom Mahoko YoshimotoYoshimoto) est une romancière japonaise née en 1964 à Tokyo. Son père est un célèbre poète et critique littéraire. Banana YoshimotoYoshimoto s'est fait connaître en 1987 avec la parution de son roman Kitchen, traduit dans plusieurs langues. Elle a écrit deux autres romans ainsi que deux recueils de nouvelles.

Kichen est un roman dans lequel s'entremêle deux thèmes existentiels: celui de la perte et du deuil. Mikage, jeune fille de vingt ans un peu évaporée et sans grande idée sur son avenir a fait l'expérience cruelle de la mort dès son plus jeune âge: ses parents, son grand-père puis sa grand-mère l'ont laissée seule au monde. Depuis, elle mène une existence végétative et semi consciente dans la cuisine déserte de l'appartement familial. Cet fascination pour cette pièce de l'appartement dans laquelle elle passe désormais toutes ses journées et toutes ses nuits, elle ne sait exactement comment l'expliquer: "Je crois que j'aime les cuisines plus que tout autre endroit au monde. (...) Quand je suis vraiment épuisée, je songe avec enchantement qu'au moment où la mort viendra, j'aimerais pousser mon dernier soupir dans une cuisine. Seule dans le froid, ou au chaud auprès de quelqu'un, je voudrais affronter cet instant sans trembler. Dans une cuisine, ce serait l'idéal." Mais bientôt, elle apprend qu'elle va devoir quitter l'appartement de son enfance; c'est alors que son voisin et ami Yûchi Tanabe lui propose de venir habiter avec lui et sa "mère" (une bien étrange créature) afin de rompre sa solitude. S'en suivront bien des rebondissements.

A la fin du recueil, on trouve une petite nouvelle intitulée MoonlightMoonlight Shadow, et qui reprend le thème du deuil sous un angle différent: on y explore ici l'importance du soutien familial après la perte d'un être cher, on y développe la thématique de la reconstruction identitaire. J'avoue avoir préféré la première partie du livre, je ne suis pas toujours une adepte des variations sur un même thème...

J'ai aimé cette lecture à la fois étrange et prosaïque: c'est une écriture du quotidien et de l'humain avec une petite pointe de surnaturel et de fantaisie. Le personnage de Mikage est des plus attachants, et l'on comprend facilement comment des milliers de lectrices ont pu s'identifier à elle: c'est une jeune femme pure et entière, écorchée vive. La relation qui l'unit à Yûchi puis à Eriko est développée avec beaucoup de finesse. En même temps les personnages restent évanescents et mystérieux: on ne sait pas s'ils souhaitent en finir avec la vie ou tenter de prendre un nouveau départ, on ignore s'ils prennent l'existence avec détachement ou indifférence. L'issue du roman reste assez incertaine, et l'on assiste comme impuissant à une douleur sourde et souvent muette qui ne trouve pas d'exutoire. Bref, Kitchen est avant tout à mon sens un roman d'ambiance qui se lit plus qu'il ne se raconte et pour une première lecture de cette romancière je pense avoir été très agréablement surprise!

in_the_mood_for_japan

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Commentaires
M
Une jolie découverte pour moi aussi, il y a quelques années ...
D
Le deuil est important dans la culture nippone pour des raisons traditionnelles et religieuses. Le deuil a plus de profondeur et plus d'histoire que dans notre culture. La réincarnation y est pour beaucoup mais pour le coup ce livre parle du deuil dans une forme symbolique assez intéressante qu'on peut retrouver dans le court-métrage de Michel Gondry dans Tokyo ! <br /> Un livre très court et très poétique.<br /> Cordialement<br /> <br /> Dicky le Canard
A
J'ai l'impression que les japonais aiment bien parler du deuil, de la perte d'un être proche dans la famille puisque c'est un thème qui revient souvent dans les mangas.
P
C'est très tentant!<br /> Je connais peu la littérature asiatique, mais le peu que j'ai lu m'a beaucoup plu!
D
Kitchen est un magnifique roman sur le deuil et sur l'impossibilité de l'oubli. J'ai vraiment aimé ce livre pour son ambiance proche du court métrage de Michel Gondry dans Tokyo ! Un coté suréaliste et triste à la fois. Une petite perle bordélique et farfelue.<br /> Cordialement<br /> <br /> Dicky le Canard
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